Comment la topologie peut-elle élargir notre compréhension de l’inconscient lacanien ? Alexandre Bleus poursuit ses réflexions sur cette question, en plongeant dans l’abstraction géométrique de Lacan à travers ses écrits et séminaires.
L’abstraction croissante dans la pensée de Lacan
Alexandre Bleus met en lumière une période critique dans l’évolution intellectuelle de Jacques Lacan, marquée notamment par son discours de Rome. L’introduction du tore, cette figure géométrique tridimensionnelle, signale un tournant vers une abstraction plus marquée dans sa théorie. Bleus note avec pertinence que dès 1965, Lacan avait établi un prérequis topologique pour l’accès à son séminaire, soulignant l’importance cruciale de cette discipline dans sa réflexion. L’analyse de Bleus nous amène à considérer cette période comme un moment de consolidation de la pensée topologique de Lacan, qui trouve son apogée dans son texte L’Étourdit.
L’Étourdit : un jeu de mots topologique
Dans son exploration de L’Étourdit, Alexandre Bleus propose une interprétation fascinante du titre lui-même. Il voit dans ce jeu de mots une allusion directe à la capacité de la topologie à encapsuler le complexe processus du dire analytique. Ce choix de Lacan de privilégier le tore pour représenter l’abstraction nécessaire à la capture de la complexité du langage est analysé par Bleus comme un enrichissement nécessaire qui transcende les limites de la bi dimensionnalité.
Le ruban de Möbius : une figure de l’entrelacement des registres
Le ruban de Möbius apparaît comme une figure clé dans la discussion de Bleus, introduit par Lacan dans son séminaire sur l’identification. Cette surface à une seule face et à un seul bord illustre parfaitement la subversion de la distinction entre intérieur et extérieur, conscient et inconscient. Alexandre Bleus attire notre attention sur la manière dont cette figure permet de conceptualiser l’entrelacement des registres du Réel, de l’Imaginaire, et du Symbolique, et de penser le sujet comme fondamentalement divisé et inscrit dans le langage.
La cartésianisation de l’inconscient par Lacan
En conclusion, Alexandre Bleus nous propose de voir dans l’approche topologique de Lacan une forme de cartésianisation de l’inconscient, un effort de systématisation et de scientifisation de la psychanalyse. Cette perspective enrichit notre compréhension de Lacan en tant que penseur profondément engagé dans une démarche de rigueur scientifique, tout en étant ancré dans la tradition philosophique occidentale. Bleus nous encourage à reconsidérer Lacan non seulement comme un psychanalyste, mais aussi comme un théoricien de la complexité humaine.
Alexandre Bleus continue de nous offrir des aperçus profonds sur la manière dont Lacan a utilisé la topologie pour repenser les fondements de la psychanalyse. Pour une compréhension plus complète des implications de ces idées, la lecture intégrale de ses travaux est vivement recommandée.